Biographie

Stéphane Junique, militant de la santé et de la solidarité, né en 1973.

Président du Groupe VYV.

Vice-président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF).

Le terreau sur lequel je me suis construit…

Mon parcours est celui d’un militant de la solidarité, engagé dans la vie de la cité – en cela, il n’a rien d’original. Cependant, mon histoire personnelle m’a probablement amené plus tôt que d’autres à comprendre ce que signifie lutter contre la maladie.Fils unique, j’ai vécu avec une maman partie trop vite, atteinte d’une sclérose en plaques déclarée à ma naissance. On prend rarement conscience de ce que représente le fait de vivre avec la maladie ou un handicap : ce parcours éprouvant, jalonné d’incertitudes, d’espoirs et de déceptions. Un vécu étrange, paradoxal, qu’il convient d’assumer de manière trop souvent solitaire. J’ai vu alors ce que signifie la force de la solidarité familiale. Et j’ai mesuré l’importance de la mission des soignants impliqués aux côtés de ma mère dans ces périodes qu’il faut accompagner au mieux, avec les crises, la tentation de renoncer, les doutes, les sentiments d’injustice et de profond désarroi… J’estime néanmoins avoir bénéficié d’un privilège : celui de me trouver très tôt au contact de la maladie. C’est sur ce terreau, en quelque sorte, que je me suis construit.

Les débuts d’une passion pour la médecine d’urgence…

L’événement à l’origine de mes engagements est le tremblement de terre à Mexico survenu en septembre 1985. Le séisme avait ravagé la ville, qui s’était effondrée comme un jeu de quilles, causant plus de dix mille morts et trente mille blessés. Comme beaucoup de personnes, j’avais été frappé par cette tragédie et ému par la mobilisation des centaines de sauveteurs français qui avaient rejoint les équipes mexicaines pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres. Au-delà des images insoutenables diffusées par les journaux télévisés, c’est bien l’action de ces médecins, infirmiers, sapeurs-pompiers et secouristes bénévoles – qui avaient pour mission de ramener à la vie, de retenir la vie – qui m’a donné la passion de la médecine d’urgence et la volonté de m’engager.

C’est ainsi qu’à l’âge de 13 ans je suis devenu bénévole à la Protection civile puis à la Croix-Rouge française de Valence, où je me suis engagé avec passion dans des missions de secours et d’urgence. Et c’est à l’occasion de ces heures passées en poste de secours et en permanence de nuit avec les équipes du Samu que mon désir de devenir infirmier s’est forgé. Mes échanges avec le Pr Pierre Huguenard, patron du Samu de Créteil, l’un des précurseurs et fondateurs de la médecine d’urgence, le Pr Geneviève Barrier, directrice du Samu de Paris, et le Dr Suzanne Tartière, médecin régulateur au Samu de Paris, ont été déterminants dans la construction de mon parcours professionnel.

Mes premiers pas vers la solidarité et le soin…

C’est à travers les colis alimentaires que je distribuais le mercredi après-midi à la Croix-Rouge pour aider des personnes en difficulté que j’ai pris conscience de ce qu’était le geste de solidarité. Dans cette démarche qui consiste à satisfaire un besoin élémentaire de tout individu – se nourrir –, ce qui était en jeu, je le comprendrais plus tard, c’est la préservation de ce qui constitue l’humanité de chacun, à savoir sa dignité. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, je ne peux me satisfaire des grands discours sur la solidarité et des pétitions de principe dans ce domaine. La solidarité, c’est agir, être utile ! Car « seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent ». C’est ce que la Croix- Rouge m’a appris.

Ma scolarité terminée, j’ai quitté Valence pour poursuivre mes études à l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de l’hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt. Ce furent trois années passionnantes, heureuses, tournées vers le soin, la transmission des savoirs et des valeurs hospitalières : aucune maladie, aussi rare soit-elle, ne doit être négligée, aucune souffrance ne doit être ignorée, aucun patient ne peut être laissé de côté. Ces principes, j’ai pu les mettre en pratique lors d’un stage au centre de consultations de l’hôpital Marmottan, à Paris, dont la mission était de faciliter l’accès aux soins pour les usagers de drogues, dépendants, ceux prenant des produits de substitution et les ex-usagers.

Ces quelques semaines de stage – et ma rencontre avec le Pr Claude Olievenstein – ont été décisives. Car c’est à Marmottan que j’ai pris conscience, comme le dit Xavier Emmanuelli, que « traiter la maladie n’est parfois pas le plus urgent, quand des personnes se sentent exclues et crèvent de solitude ».

Mon parcours professionnel

Mon premier poste d’infirmier, en 1995, était à l’hôpital Broussais, au service d’immunologie clinique du Pr Michel Kazatchkine, où la grande majorité des patients pris en charge étaient atteints du VIH. Rappelons que le sida était encore une maladie transmissible systématiquement mortelle. J’ai découvert à ce moment-là l’importance de la dimension éthique du soin. Cette expérience à l’hôpital Broussais a été décisive pour la suite de mon parcours en me permettant de m’ouvrir aux politiques publiques de santé. Toutefois, ce n’est pas en France que je me suis familiarisé avec ces questions, mais au niveau européen, car j’ai quitté l’hôpital pour devenir le collaborateur de l’eurodéputée Marie-Thérèse Mutin. J’ai découvert le fonctionnement des institutions européennes, la réalité de cette Europe de la santé en construction, en particulier à l’occasion des travaux de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la protection des consommateurs. Ma conscience de militant européen s’est forgée au cours de ces années. Après plusieurs années passées au Parlement européen, j’ai rejoint la direction régionale des affaires sanitaires et sociales des Pays de la Loire, à Nantes. C’est ainsi que j’ai travaillé – aux côtés de directeurs régionaux, de médecins de santé publique, d’inspecteurs des affaires sanitaires et sociales, de divers professionnels de santé et d’associations d’usagers – à l’élaboration de programmes sur les addictions ou le cancer. Puis j’ai poursuivi mon parcours auprès de l’équipe du directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation en travaillant sur des dossiers qui ont marqué l’actualité de l’époque : la gestion du risque caniculaire dans les établissements de santé ou la déclinaison régionale du plan de lutte contre les risques d’une pandémie du virus de la grippe aviaire H5N19. De cette expérience en région, j’ai tiré une conviction : parce que les besoins de santé sont profondément ancrés dans les territoires, parce que les pratiques professionnelles comme les comportements individuels dépendent largement de facteurs locaux, le pilotage centralisé du système de santé et de soins n’est pas pertinent.

Ma rencontre avec la mutualité…

C’est par hasard que je me suis engagé en mutualité, à l’occasion d’un débat sur la différenciation du niveau de prise en charge par la Sécurité sociale entre « gros » et « petits » risques de santé – les affections graves appelant une intervention publique, celle de la Sécurité sociale ; les autres une mutualisation privée, par l’intermédiaire des complémentaires santé. Ce débat m’a donné l’occasion de connaître les positions de la Mutualité Française, relayées par les mutualistes nantais, et j’ai décidé de devenir le délégué des mutuelles de Loire-Atlantique. J’y ai découvert un engagement qui me correspondait bien, mêlant les valeurs de solidarité et l’action tournée vers l’accès aux soins pour tous. C’est cette nouvelle aventure qui me conduira aux responsabilités nationales que j’exerce aujourd’hui.

Dates clés

  • 2008 : administrateur d’Harmonie Mutuelle.
  • Juin 2016 : président d’Harmonie Mutuelle.
  • Septembre 2017 : vice-président délégué du Groupe VYV et président de VYV 3, l’offre de soins et d’accompagnement du groupe.
  • 6 octobre 2021 : administrateur de la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF).
  • 21 octobre 2021 : vice-président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF).
  • Avril 2021 : siège au Conseil économique, social et environnemental (CESE) au titre de la Mutualité.
  • 7 juin 2021 : président du Groupe VYV, président de VYV 3, l’offre de soins et d’accompagnement du groupe.

Bibliographie

Éradiquer la grande pauvreté à l’horizon 2030

Conseil économique social et environnemental · 26 juin 2019

Co-rapporteur, aux côtés de Marie-Hélène Boidin Dubrule, du rapport « Éradiquer la grande pauvreté à l’horizon 2030 », pour la commission temporaire « Grande Pauvreté » du CESE.

Après avoir remis, en décembre 2018, un avis portant sur « la situation des personnes vivant dans la rue : l’urgence d’agir », Stéphane Junique a présenté en juin 2019, un rapport sur l’éradication de la grande pauvreté à l’horizon 2030.

La France s’est engagée, en adoptant les objectifs de développement durable établis par l’ONU, à éradiquer la grande pauvreté à l’horizon 2030. Cet objectif est ambitieux : 5 millions de personnes sont concernées dans notre pays. Pourtant, le CESE estime qu’il est à la fois nécessaire et possible de l’atteindre, par la mobilisation de toutes et tous. Après un premier avis rendu en décembre 2018, intitulé « Les personnes vivant dans la rue : l’urgence d’agir », le CESE s’engage, en soutenant la création d’un revenu minimum social garanti, en posant un cadre et des principes d’action, en réclamant un meilleur accès aux droits et un accompagnement renforcé, pour l’éradication de la grande pauvreté en 2030. Si ces préconisations visent d’abord cet objectif, il a la conviction que chaque pas dans cette direction servira à faire reculer la pauvreté en général.

Découvrez le rapport « Éradiquer la grande pauvreté à l’horizon 2030 »

Les personnes vivant dans la rue : l’urgence d’agir

Conseil économique, social et environnemental · 12 déc. 2018

Co-rapporteur, aux côtés de Marie-Hélène Boidin Dubrule, de l’avis « Les personnes vivant dans la rue : l’urgence d’agir » pour la commission temporaire « Grande Pauvreté » du CESE.

Des centaines de milliers de Françaises et de Français ont apporté ces derniers mois leurs signatures à des pétitions en ligne réclamant des solutions pour les personnes sans-domicile fixe. Le CESE, déjà engagé dans un travail sur la grande pauvreté, a voulu tenter de répondre à cette émotion et à cette indignation en proposant sa vision de la lutte contre cette forme extrême d’exclusion.

Si les préconisations de l’avis portent d’abord sur le logement, c’est que celui-ci est la clef de l’accès à une vie décente. Elles visent ensuite l’amélioration du traitement de l’urgence. Enfin, elles portent sur les différentes dimensions de l’accompagnement, qu’il soit relationnel, qu’il permette l’accès aux droits ou aux soins ou facilite le retour à la vie sociale. « Zéro personne sans accompagnement » est le but vers lequel doit tendre toute la société.

Découvrez le rapport « Les personnes vivant dans la rue : l’urgence d’agir »

L’Égalité (im)possible ? Manifeste pour une solidarité active

Les Petits Matins · 31 mai 2018

Stéphane Junique est co-auteur de L’ÉGALITÉ (IM)POSSIBLE ?  avec Timothée Duverger, un manifeste pour une solidarité active.
Cet ouvrage a été publié en mai 2018 et a reçu en septembre 2019 le prix du livre sur l’économie sociale et solidaire.

PRIX DU LIVRE SUR L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE 2019

Oui, nous pouvons vivre mieux – tous ! Voilà un propos à contre-courant du discours ambiant quand il est question de santé ou de protection sociale. Les inégalités sociales et territoriales se creusent, le déficit de l’Assurance maladie persiste, le modèle de solidarité collective hérité de 1945 s’essouffle… Tout cela est vrai. Devons-nous pour autant nous résoudre à voir s’installer un système de protection à deux vitesses ?

Non, affirment ici deux acteurs engagés : un militant mutualiste de longue date et un chercheur spécialiste de la question sociale, qui défendent une approche non lucrative de la santé – la santé envisagée dans une acception large, car on ne saurait être bien dans son corps et dans sa vie sans un logement digne, un revenu décent, un égal accès à l’éducation et aux loisirs…

Leur constat : face aux transformations de la société (carrières discontinues, vieillissement de la population, explosion des maladies chroniques, etc.), l’État ne peut plus tout. Leur solution : constituer un « pôle des solidarités actives ». Une alliance pour et par l’action des structures historiques de l’économie sociale et solidaire et de nouvelles entités tournées vers l’intérêt général.

Nourrissant leur échange de nombreux exemples et de propositions (une politique de santé réorientée vers la prévention, un socle de droits universels garantis, une reconnaissance européenne des modèles alternatifs, etc.), les auteurs dessinent une société plus juste et désirable. Une société d’égalité possible.

La transformation de notre modèle ne pourra se bâtir que sur un socle de financement public fondé sur la solidarité, pour garantir la pérennité économique de nos structures et un haut niveau de qualité pour nos patients, résidents et usagers.

Stéphane Junique